Aujourd'hui, j'ai plus de mal à écrire ce que je ressens que d'ordinaire. Je dois être perturbé par ce qui m'est arrivé. Rien de terrible, rassurez-vous, du moins, pas au point de heurter la sensibilité de la majeure partie de la population. Dans le bus ce soir, en rentrant du lycée, j'ai croisé un garçon de ma classe. J'espérais être « invisible ». J'espérais qu'il ne me verrait pas. J'avais tort. Je suis la première personne qu'il a remarqué et de fait, la première qu'il soit venu bousculer et menacer. Au final, j'ai cédé. J'ai pris la décision de me lever et de lui laisser ma place. Je me fiche, de ce que vous pensez, mais s'il vous plaît, ne me jugez pas trop sévèrement. Je préfère me faire humilier plutôt que frapper. Déjà, parce que (ironiquement), je suis plus fort moralement que physiquement. Puis, parce que les coups que je reçois ne sont qu'une marque supplémentaire de mon calvaire quotidien. Je peux continuer de sourire comme si de rien n'était et panser mes plaies en silence, mais je ne peux pas effacer les bleus qui ornent mon corps. Pas aussi simplement du moins. Bêtement, je cache les stigmates dues à mon orientation sexuelle sous une carapace que j'essaie tant bien que mal de me forger. J'imagine que beaucoup trouverons cela stupide et je respecte leur avis. Mais ils ont tort. Ce n'est pas stupide.
Qu'y a-t-il de mal à essayer de vivre ?